Sang-dragon, Tabac-du-diable et Gratte-cul

Dans son dernier article, Horticulture Indigo met en lumière un aspect de notre folklore, celui du répertoire des noms populaires de nos plantes sauvages. La lecture de la courte liste de ces vocables permet d'imaginer que selon le cas les ancêtres savaient emprunter aux Amérindiens ou à l'histoire des mots évocateurs, qu'ils étaient attentifs aux attributs physiologiques des plantes et qu'ils étaient pourquoi pas, un brin fantasques!
Celle-là on l'appelle entre autres herbe à dinde, herbe à dindon, herbe à la coupure, herbe au charpentier, saigne-nez, sourcil de vénus et finalement, achillée millefeuille (Achillea millefolium).
Moi, je ne connaissais que le premier et les deux derniers noms!
Photo par Jasmine Kabuya Racine.
Faites-vous partie de ceux et celles qui ont peu recours aux noms communs des plantes pour les désigner? Personnellement, je me suis toujours sentie plus à l'aise avec le français et le latin, surtout avec ce dernier qui ne fait pas défaut quand vient le temps de nommer avec précision. Pourtant, il y a un quelque chose de savoureux dans l'acte de prononcer de l’herbe-crapaud (sarracénie pourpre), de la tête de moineau (centaurée jacée) ou du patagon (lis tigré)!
La molène vulgaire  (Verbascum thapsus) a aussi un chapelet de noms populaires comme blanc de mai, blanc mâle, buisson blanc, cierge de notre-dame, tabac du diable, saint fiacre semelles et herbe à bonhomme.
Photo par Jasmine Kabuya Racine.

En 1935, Marie-Victorin prédisait déjà la «mort» des noms vernaculaires. C'est Roger Latour qui m'a fait découvrir dans un billet sur l'asclépiade de février passé cette triste prédiction : 
« Les canadianismes véritables, c'est-à-dire spécifiques et d'usage courant, sont plutôt en petit nombre. Ils forment un trésor linguistique d'une valeur inestimable, mais qui, vraisemblablement, ne s'accroîtra plus. Les conditions de la vie moderne, une impitoyable standardisation par l'école et la radio, par le cinéma et le journal, ne permettent plus cet insularisme de la vie quotidienne, ces processus lents et cumulatifs qui aboutissent à la création folklorique.»
Ouch!

Et Roger de spécifier que la venue de l'Internet ajoute à la standardisation. Et moi de greffer que les horticulteurs trop agrippés au latin n'aident pas à la cause...
Le céphalanthe occidental (Cephalanthus occidentalis).
Avouez que son nom de bois-bouton est plus sympathique!
Photo par Jasmine Kabuya Racine.
Cela dit, je me défie de saupoudrer un peu plus de noms communs dans mes billets et mon langage de tous les jours, surtout avec les enfants qui sauront apprécier j'en suis certaine! 

Et vous, votre vocabulaire botanique folklorique est-il riche, acceptable ou pauvre?


Note: Les guides Fleurbec sont d'excellents ouvrages pour qui veut connaître les noms vernaculaires des plantes sauvages. Je m'en suis servie pour l'achillée et la molène.

Commentaires

  1. Ma chère, votre billet frôle la réflexion philosophique. En nous posant LA question, vous risquez de susciter une profonde réflexion sur qui nous sommes,et vous va-t-on ?

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  2. Bonjour Duker,

    Je ne voudrais en aucun cas donner trop à réfléchir...

    S'il semble que notre société a gagné en savoir scientifique, je me demande à quel point a-t-on perdu en savoir populaire et utile? La majorité de nous sommes-nous conscients de la richesse végétale autour de nous?

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    1. non, en effet, il est difficile de se décoller le nez de l'arbre devant nous afin de voir la forêt qui s'y trouve. La société moderne ressemble à ce train qui sans conducteur accélère dangereusement, sommes nous à la veille d'une catastrophe, je croît sincèrement que nous sommes en plein dedans,Mais tout comme le Titanic qui prenait l'eau, annonçant une catastrophe, dans les pont supérieurs, on trinquaient et dansaient allégrement. Il ne me reste qu'à faire de mon mieux, en étant le plus responsable dans ma propre consommation et en faisant le plus de sensibilisation, tout comme vous le faite, on ne sait jamais.

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    2. Effectivement Duker, nous n'avons pas grand chose à perdre à faire de notre mieux dans notre situation!

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  3. Merci Jasmine pour ce billet! Ca me rappelle une discussion que nous avions eu à ce sujet.
    Quant à moi, les noms latins n'entrent pas dans ma cervelle et ça me désole...Je suis toujours impressionnée par ceux qui les nomment et défilent ces noms de plante comme si de rien n'était!
    Après réflexion, je crois que je connais davantage les noms populaires des plantes, ce que j'attribue à l'héritage immatériel provenant de ma grand-mère maternelle qui était une horticultrice amateure des plus remarquable. Elle utilisait les noms populaires et ces ceux que je retiens le plus aisément. Aussi, je me rends compte que les noms populaires créent une image dans ma tête -un genre d'album de photo-, ce qui évoque directement la plante en question.
    Merci pour la réflexion: je pense qu'on gagnerait à promouvoir les deux utilisations, question d'équilibre.....:)

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    Réponses
    1. Chère Lina,

      J'ai pensé à toi en composant ce billet puisque mon vocabulaire des noms populaires me vient de toi! Je me vois petite me présenter l'herbe à dinde et le bouton d'or!

      Leur nom souvent fortement imagé aide bien sûr à se rappeler leur allure, je te l'accorde. Et pour tout amateur, faire connaissance par cette voie est plus engageant.

      Je me rallie à l'utilisation équilibrée des noms populaires, français et latin: on en sait jamais trop!

      Merci de ton passage!

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  4. Bonjour Jasmine,
    Merci pour ton invitation à prendre connaissance de ton Blog et site internet. J'y découvre plein d'information et de liens fort intéressants. Merci et mes salutaitons les plus chaleureuses à toi et aux membres de ta famille.
    André

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    Réponses
    1. Bonjour André,

      Comme c'est plaisant de lire ton message!

      Merci de venir consulter mon site que je souhaite riche, à l'image des mondes végétal, du jardinage et de l'horticulture.

      Au plaisir de se voir bientôt en chair et en os!

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