The Botany of Desire: le délice historique de la pomme

En novembre passé, je vous avais parlé de cet ouvrage reçu pour ma fête par mon homme, The Botany of Desire, écrit par Michael Pollan, un auteur américain que j'admire beaucoup pour son intelligence et la justesse de son propos sur le monde végétal et les relations que nous entretenons avec lui.

Ayant achevé le premier chapitre hier (j'avoue que j'étire souvent la lecture de livres malgré leur aptitude à m'accrocher!), je voulais vous en faire un résumé. Si j'attends d'avoir lu les quatre chapitres avant de vous en entretenir, je le ferai dans un an! Toutefois, j'insiste: le livre est extrêmement intéressant et si vous lisez l'anglais, procurez-vous-le, car il ne peut que vous passionner également.

Ainsi, Pollan nous présente dans son introduction les raisons qui  l'ont mené à présenter ces quatre plantes domestiquées par l'homme que sont la pomme, la tulipe, la marijuana et la pomme de terre. Il décrit l'humain comme un "bumblebee" (bourdon) qui depuis l'avènement de l'agriculture, à l'instar de l'insecte, dissémine les gènes de plantes spécifiques qui comblent ses besoins de nourriture, d'ivresse, de beauté et d'intoxication. Toutefois, Pollan va au-delà cette conception en se questionnant sur l'objet réel qui est domestiqué dans cette relation humain-plante: est-ce l'humain qui a domestiqué la plante ou la plante qui a domestiqué l'humain?

Excellente question! Et si nous étions "utilisés" par certaines plantes afin qu'elles se propagent, conquièrent de nouveaux mondes, s'endurcissent par nos manipulations volontaires ou non? Si cela s'avère exact, avons-nous surestimé notre rôle dans cette relation? Dans tous les cas, les deux protagonistes entretiennent une relation qui leur est bénéfique et qui est fascinante à étudier.

Dans le premier chapitre sur la pomme (Malus domestica), ce fruit que nous cultivons depuis des siècles pour notre désir de douceur (l'auteur emploie le mot  sweetness, mot qui a beaucoup évolué depuis la fin des années 1800, passant de "qualité de ce qui procure aux sens un plaisir délicat" (Le Petit Robert) à une représentation sucrée abondamment consommée par notre société dont la forme simple se réduit souvent au sucre raffiné...), Pollan nous transporte dans une Amérique du 19e à la recherche de cette douceur pour contrer l'aridité de la vie. À travers l'histoire d'un personnage mythique,  John Chapman, dit Johnny Appleseed, ce missionnaire mi-sauvage qui a incontestablement contribué à la propagation de la pomme en Amérique, on apprend l'importance du cidre tiré du fruit pour les colons. On apprend également les origines surprenantes du Malus: l'espèce M. sieversii est le parent de tous ces pommiers domestiqués et provient de forêts du Kazakhstan, que la route de la soie jadis sillonnait.

 Malus sierversii au Kazakhstan. Photo tirée du site de Cornell University.

Avec Pollan, nous marchons dans le muséal verger de la  New York State Agricultural Experiment Station, à travers tous ces pommiers américains étranges de goût et de nom qui ont connu leur gloire dans le siècle passé. Ces individus sont aujourd'hui éclipsés par les quelques variétés de pommes (Macintosh, Red Delicious, Golden Delicious, Granny Smith, etc.) que nous cultivons mondialement. Variétés qui sont fragilisées par leur génétique stagnante (les hybrideurs utilisent toujours ces mêmes variétés alors qu'il en existe plus de 2500!). Ce musée maintient donc en vie des végétaux historiques, mais également des individus qui sauveront peut-être les pommes commerciales de leur fragilité face à leurs prédateurs, insectes et champignons, qui font en sorte qu'on doive utiliser un arsenal de pesticides à leur endroit.

Un livre à lire? Certainement!

La fameuse Red Delicious. Elle a une histoire passionnante, mais son omniprésence sur les étals et sa "surdomestication" en ont fait une pomme, à mon humble avis, des plus tristes à croquer. Photo tirée du site de A Life of Apples.


Par Jasmine Kabuya Racine
Je suis au jardin

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