Bye bye grand frêne!

Alors que mon dernier billet (lire Aimes-tu les arbres? ) portait sur l'importance de la plantation des arbres, celui-ci vous étonnera puisqu'il parle d'abattage d'arbre!

Bien oui, notre beau grand frêne d'Amérique ou frêne blanc (Fraxinus americana) n'est plus dorénavant qu'une souche au ras du sol. Depuis quelques années, il montrait des signes de dépérissement: grosses branches mortes plus nombreuses chaque année et écorce à la base du tronc qui s'arrachait facilement. Pourtant, l'homme de la maison, a pris soin de toujours bien tailler l'arbre, coupant les branches tout en préservant leurs arêtes et leurs collets (comment tailler un arbre? Lire cet article sur les techniques de coupe) afin que la cicatrisation s'effectue sainement.

Après observation de notre part, un examen par un ingénieur forestier en balade dans le quartier (il faisait l'inventaire des frênes!) et l'avis d'un arboriculteur nous étions certains que ce n'était pas l'agrile du frêne le coupable du mal-être de notre arbre (pour détecter clairement les symptômes de cette attaque, lire ici).

Pourquoi était-il malade? 
Nous avons des hypothèses, mais aucune cause exacte. 
Mystère.

Une dernière photo, quelque minutes avant le sacrifice...
État de la base du tronc en septembre 2015.
En toute honnêteté, j'ai fait un dernier câlin lundi midi à cet arbre magnifique qui m'avait tant ému à mon arrivée dans ma maison. J'avais aimé sa stature, son allure droite et fière: il avait l'air si fort! Et voilà que 8 ans après notre arrivée, on a du lui dire aurevoir.

Évidemment il faut un permis pour abattre un arbre (certains sont offusqués qu'on doive demander la permission, mais nous on trouve que ce n'est pas une exigence anormale), ce que nous avons obtenu. On nous a mentionné que nous n'étions pas dans l'obligation de le remplacer puisque notre terrain était bien garni en arbres («mais madame, nous on aime les abres, alors c'est sûr qu'on en plante un autre» que je lui ai dit au téléphone. Un commentaire superflu, mais bon je tenais à lui dire...)


Nous avons engagé Arboriterre, une entreprise de la région. Deux arboriculteurs ont travaillé avec soin et professionnalisme* pendant 3 heures. Ils ont acquiescé également à mes demandes particulières (tsé une horticultrice ça veut ben des affaires quant il s'agit d'intervention sur son terrain!).

La coupe a révélé un tronc impeccable et dur. Rien n'était pourri à l'intérieur. Malgré tout, la majorité des branches étaient mortes. Sage décision que de l'enlever.

Saviez-vous que le bois du frêne «dur et élastique» produit les meilleurs bâtons de hockey et de base-ball?
Mais qu'advient-il d'un arbre une fois abattu? Du bois de chauffage pour des voisins, des bûches qu'on convertit en bancs pour ses enfants et du bon paillis pour l'horticultrice qui veut agrandir son aire de jeu!

À ma demande, ils ont versé le paillis pour que je puisse recouvrir le fond de la cour et ainsi réaliser de nouvelles plates-bandes au sol enrichi.
Je rêvais depuis longtemps d'avoir accès à une grande quantité de paillis pour enfin revitaliser la zone sous l'épinette bleue. J'ai été servie. Jadis une zone peu développée et loin d'être attirante (derrière la remise, à l'ombre, sol à nu, etc.), c'est déjà devenu avec l'ajout de paillis un lieu plus attrayant. Là où l'arbre mangeait la lumière, il y aura un nouvel espace de culture mixte pour des plantes comestibles et ornementales.
Paillis de frêne! Yeah!
Trois bûches-bancs pour 3 enfants. À gauche 2 sureaux, un grand au feuillage jaune et un petit indigène.
La mise en place du paillis se fera jusqu'au réservoir d'eau de pluie à gauche.

Voyez dans les prochains mois comment je vais embellir et augmenter le potentiel de cultures alimentaires de cet espace. La disparition du grand arbre laisse place à un canevas où les idées foisonnent!


* Mon opinion est exprimée en toute sincérité ici. Nous avons engagé l'entreprise Arboriterre et je la recommande chaudement. Nous n'avons pas bénéficié d'un avantage parce que j'en parle ainsi!

Commentaires

  1. Bonjour à toi. J'ai lu avec attention ton billet et j'ai beaucoup aimé ce que j'ai lu. J'ai aimé ton propre rituel pour saluer dignement cet arbre, puis tout ce que vous avez fait pour l'honorer en récupérant au possible sa matière :) Bravo pour tous les détails des étapes et les belles images qui nous renseignent bien sur la seconde vie de cet arbre. J'admire le respect dont tu fais preuve face à la nature!

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  2. Merci Lina pour ce commentaire si juste! Je tenais tellement à ce qu'on conserve le maximum de cet arbre, c'était logique pour moi. Je suis contente que tu aies apprécié mon article détaillé ;)

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  3. Bonjour Jasmine, suite à votre billet j'aimerai tenter une réflexion. Lorsque j'ai vu le tronc à moitié coupé je me suis dit, étant un ornithologue amateur, wow un tronc pour les pics et finalement beaucoup d'espèces qui survivent grâce à ces troncs qui abritent une quantité d'insectes. Bon je sais bien qu'il y a la sécurité à considérer, mais combien de temps es-ce qu'un tronc de bois franc en assez bon état restera debout, 5, 10 ans. Nous ne sommes pas obligé d'attendre qu'il nous tombe sur la tête mais pourrions nous pas émonder les branches et utiliser le tronc principal comme énorme tuteur afin de faire grimper lierres ou clématites. Ce n'est pas un conseil que je donne, mais seulement une idée afin de provoquer la réflexion.

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    1. Salut Duker!
      J'aime beaucoup ton idée et si tu me permets, je te raconte une petite histoire.
      Nos voisins, dont on voit le terrain derrière la clôture, avaient un orme chinois d'une taille similaire à notre frêne. Un jour, l'arbre a connu une fin semblable au nôtre: malade, ils l'ont fait taillé sa couronne. La femme du couple aimait le tronc qui semble solide encore et a exigé de le garder ainsi.

      Pendant plus de 5 ans, le tronc de l'arbre mort est resté debout. Et pendant les premières années, mon conjoint et moi trouvions absurde et laid de garder un arbre ainsi en ville... Jusqu'au jour où j'ai remarqué que des oiseaux avaient élu domicile dans un creux de l'arbre! J'ai à partir de ce moment-là vu autrement cet arbre (que la femme appelait son totem) et je me suis dit que ce n'était pas bête de le garder pour les insectes, les oiseaux et même les écureuils qui se sont fait un «nid» le printemps 2016.

      Mais, au cours de l'été passé, lors d'une période de vent intense (on est sujet à ces périodes fréquemment dans mon quartier), le tronc est tombé! Dans leur malchance, mes voisins ont été chanceux: l'arbre est tombé sur leur patio au sol et non pas sur eux, ni leur maison...

      Bref, on ne voulait pas tenter la même chose! L'arbre était trop proche de l'habitation et de celle de nos voisins.

      Par contre, l'idée est excellente si l'arbre est isolé ou en forêt, bien sûr. J'aurais même aimé le conserver pour y mettre une cabane dans l'arbre pour les enfants...et pour les grands aussi! :)

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    2. Effectivement le danger doit être évalué à chaque année, et la hauteur gardé doit être en fonction des dommages qu'il peut faire. J'avoue que c'est plus simple de le couper au sol, mais jeter les restant biodégradable que les composter au jardin aussi est plus simple mais la facilité n'est plus la façon de faire.

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    3. Oui, je crois bien qu'il y a moyen d'évaluer chaque année si l'arbre doit être raccourci. C'est ce que mes voisins auraient du faire ;) Si je n'avais pas garder le copeaux et donner le bois, la compagnie aurait épandu le paillis dans un champ et donner le bois à un résident de la région qui ne chauffe qu'avec les coupes de l'entrepreneur! Je n'aurais pas voulu que ce soit jeter, ça c'est certain!

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