Les petits sauvages


J'ai la grande chance d'habiter à quelques pas d'un parc magnifique, le Parc régional des îles de St-Timothée. Nous avons acheté notre maison pour le coin champêtre, sans savoir que ce parc existait. Sa découverte a tout simplement confirmé que nous étions à la bonne place. La principale île s'appelle Papineau et, à part d'avoir une plage très achalandée l'été avec une qualité des eaux superbe,  elle possède une érablière à caryers. Vous y marchez comme dans une cathédrale de verdure, c'est magnifique. J'y suis allée ce matin faire ma petite marche de reconnaissance printanière et voir qui de notre flore montrait ses couleurs... Voici les indigènes que j'ai croquées avec l'oeil de mon appareil photo...
La jolie petite violette jaune trouvée dans une éclaircie  est soit une Viola pensylvanica, soit une V. pubescens ou  fort probablement une V. tricolor : malheureusement, je n'ai pas pu recueillir assez d'infos car j'avais Bébé avec moi...
La plante montrant de minuscules Biosphères comme fleurs, c'est la salsepareille ou Aralia nudicaulis. On la dit abondante dans les forêt mixtes et les érablières. Ses fruits sont comestibles et rappelleraient ceux du genévrier. La racine  servait à la fabrication de la bière maison ou "root-beer" chez les Amérindiens.
Lui, c'est une petite vedette des érablières laurentiennes, il s'appelle le petit prêcheur ou Arisaema atrorubens. Il aime habiter les forêts humides  qui  bordent des ruisseaux ou des rivières. Les Amérindiens l'appelaient "berceau" parce que le spathe (l'enveloppe brune rayée de blanc qui protège la vraie fleur) ressemble à un porte-bébé (c'est vrai ! regardez la photo).

Ah!...elle c'est une de mes préférées. Il s'agit de l'Erythronium americanum et ce fut une des première plantes que j'ai apprise à reconnaître de notre flore. Je l'aime bien aussi parce que son élégance et son  apparition hâtive illumine nos boisées après le long hiver. Elle fait partie de la belle famille des liliacées et on la retrouve souvent formant des talles dans les érablières. Marie-Victorin la qualifie même "d'écologiquement parfaite" puisqu'elle est si bien dispersée dans tout le pays. 
L'Onoclea sensibilis déroule ici ses belles frondes "végétatives, triangulaires, pinnatifides, printanières" comme dirait Marie-Victorin. Il paraît que cette fougère des milieux humides est l'une des rares fougères modernes connues à l'état fossile...Sa survivance depuis des millénaires est bien démontrée par sa réussite à s'implanter partout ou presque dans la province.


Ce plant au beau feuillage finement découpé, c'est un Dicentra (Dicentra canadensis ou D. cucullaria, je n'ai pas vu sa fleur et je n'ai pas pu examiné le reste), qui fait partie du même genre que le Coeur saignant de nos jardins. On retrouve les dicentras indigènes dans les érablières à caryers et il faut les admirer tôt, à l'instar des Claytonia caroliniana et des Erythronium americanum, car leurs parties aériennes disparaissent rapidement en été. Seules leurs parties souterraines témoignent de leur présence. 
Finalement, voici le petit merisier (Prunus pensylvanica). Si vous habitez en campagne ou près d'une forêt, vous devez le voir tacheter le paysage du blanc de ses fleurs. Peut-être avez-vous déjà goûté ses merises rouges vifs qui sont absolument acides !
Si vous pouvez également aller vous promener en forêt, faites-le ! Il y a de si belles plantes à admirer, surtout dans les érablières qui connaissent leur "haute saison" de floraison.

Informations tirées de Les plantes sauvages printanières, Gisèle Lamoureux et de la Flore laurentienne, de Frère Marie-Victorin. Toutes les photos sont de Jasmine, exceptée celle du bébé amérindien dans le porte-bébé qui fut tirée de Wikimedia.

Commentaires

  1. Que ça donne envie! Merci pour la promenade. Je suis juste au bord de la forêt, et j'ai une végétation totalement différente. Plantes de montagne européennes et plantes de pays très froid ne sont pas les mêmes.

    RépondreEffacer
  2. J'adore le vocabulaire utilisé: pinnatifide, printanier... On dirait une histoire ;o) Merci pour la promenade virtuelle!

    Laetitia
    p.s. Après une nuit dans la remise et une journée d'orage et soleil, mes semis vont tout à fait bien! Ils ont la couenne dure!!!

    RépondreEffacer
  3. Merci pour cette visite odorante, colorée et combien reposante, rien qu'avec les photos et commentaires...j'en suis même arrivée à oublier Montréal! Hâte de voir tout cela et d'en apprécier pour de vrai, toute la spendeur.

    RépondreEffacer
  4. Ça m'a fait un grand plaisir de vous amener avec moi ! Je omis de parler des parfums qui montaient de la terre, de la forêt humide...C'était sublime de se faire chatouiller le nez par la nature qui se déploie !

    Vive la forêt québécoise !

    RépondreEffacer
  5. J'aimerais beaucoup avoir des nouvelles de tes tomates!!!!

    RépondreEffacer
  6. Ah, tu tombes bien Laetitia ! J'ai justement aujourd'hui même repiqué quelques unes de mes tomates pour la troisième fois. Dès que j'ai qqs minutes, je fais un billet là-dessus, certain !

    RépondreEffacer

Publier un commentaire

J'adore vous lire!

Messages les plus consultés de ce blogue

Au coeur de l'été, une boisson rafraîchissante

Où acheter ses semences sur Internet ?

Les meilleurs catalogues de semences (version papier) à consulter

Qu'ont en commun les oeufs, les bananes et le café?

Arracher des pissenlits, une guerre enrichissante

Que faire avec les feuilles de lavande?

Une cabane dans un arbre...pour les grands !

Comment semer des glands de chênes + un texte inspirant de Robert Poupart, un semeur d'arbres

Faire pousser des tomates à l'envers: le bricolage

Reconnaître l'herbe à puce